Eh oui, on dirait une épidémie plutôt ravageuse en Afrique. Mais plus vorace encore dans notre Pays démocratique ! Tout le monde veut passer en premier et tout de suite ! Tenez, tous les coups sont permis !!!
Vous aurez beau mettre une police routière professionnelle, équipée, disciplinée : rien à faire ! Sur ce semblant des routes, chaque conducteur veut forcer le passage et se faufiler entre les lignes pour passer en premier. Arrogance, manque de courtoisie, indiscipline, personne ne sait mais peu importe : dans cet amalgame, qui a semblé passer en premier se frappe la poitrine et reçoit même les compliments de ses paires ! Entre temps, on se crie, on s’engueule, on grommèle à longueur des journées. Intellectuels et analphabètes, étudiants et enseignants, fidèles et pasteurs, administrés et administrateurs, procureurs et justiciables, médecins et patients, tous se confondent dans un bruit où le plus intelligent c’est celui qui enfreint la règle ! il faut passer le premier et arriver le premier.
Vous aurez beau organiser un concours d’embauche pour retenir le meilleur. Rien à faire ! Vous aurez beau tracer les lignes pour que les gens entrent l’un après l’autre dans un bus : aucune leçon ne passe ! Il faut être habile et prendre à tout prix la première place ! Être toujours le 1er même si on l’on est médiocre diplômé ; incapable, inutile, nuisible, indigne et sans éducation. Il faut être le premier avec sa cravate en feuilles de bananiers.
Les piétons, les motards sur la chaussée et auxquels aucune attention n’est apportée nous régalent un spectacle sans payer. On marche sur place sans avancer ! Eh bien, ces chauffeurs très professionnalisés n’ont laissé aucun espace pour un seul pas. Et si vous les croisez qui veulent traverser au même moment : une chèvre ou un bovin, des charrettes remplies de morceaux de bois et/ou de fers à béton, des têtes qui portent qui une planche, qui un stick d’arbre ; des mamans transformées en cargo, chargées de sacs de sable ou des pommes de terre. Alors là, les romains s’empoigneront ! Le passage appartiendra au plus rapide quel que soit ce sur quoi il décidera de marcher ! Toutes les règles de bienséance sont, à ce moment, inopérantes. Passons sous silence tous ces exploits de la rue et changeons un peu de sujet !
Prenez le risque d’aller dans les salles de fêtes. Mais le plus impressionnant c’est ces files indiennes à chaque entrée de la salle de fête ! Les convives s’agglutinent ! Certains ont déjà fait au moins deux heures de longue attente ! Tout le monde s’impatiente mais personne n’ose dire « s’en est trop » ! Chacun plutôt veut forcer l’ouverture de la salle pour être le premier à avaler le premier morceau et à se précipiter sur les premières bouteilles. On dirait un concours sportif sans pitié dans lequel les muscles l’emportent et où
s’exposent très dangereusement les personnes vivant avec handicap ! Dans ce domaine s’incarne encore davantage la déchéance dans le respect de l’heure mais que tout le monde a fini par considérer normale !
Dans un domaine encore plus curieux, la politique, le spectacle est plus amusant pour les uns et très amer pour les autres. On aura beau leur dire qu’on ne cherche que cinq cent personnes : personne ne te croit et chacun pense qu’il est l’unique oiseau rare ! Il faut s’afficher en premier, et parfois cacher ses ambitions, même à son voisin, à sa femme, à son frère de peur qu’il ne découvre le secret et qu’il ne passe le 1er. On aura beau leur dire qu’on ne peut pas être le premier chaque jour et toutes les années malgré son curriculum vitae traduit en quinze langues ; on aura beau leur dire qu’on peut gagner à tour de rôle mais qui te croira ? Chacun se croit le meilleur et l’homme providentiel. Le chimiste n’acceptera pas que le physicien passe avant lui ; le politologue ne cèdera pas sa place à l’économiste ; le juriste ne cédera pas non plus la toge à l’homme qui porte même plusieurs couronnes occidentales à la nuque ; l’agronome croit qu’il est l’unique à faire pousser une fleur ; le médecin sait, par contre, qu’en dehors de lui personne d’autre ne sera en mesure d’administrer un paracétamol… ! Renoncer pour un autre, devient un crime de lèse-majesté. Conclusion : ceux et celles qui ne savent pas se mettre d’accord travaillent à leur propre échec et malheureusement les leçons d’histoire sont parfois comme des tranches dures à avaler. L’échec devient d’autant plus grave que ceux et celles qui échouent lamentablement n’hésitent pas à se faire alliance avec l’ennemi de toute la nation pour barrer la route à d’autres !
Le sentiment d’avoir lamentablement échoué ou d’avoir triomphalement réussi peut provoquer des émotions inégalables et nuisibles à la cohésion sociale. Il faut un grand sens de responsabilité et d’honneur pour privilégier l’intérêt de la nation. La vérité n’a jamais été dans les extrêmes.