Le 22 janvier 2025, Monseigneur François Xavier Maroy écrivait : « …Aucun positionnement politique ou dividende économique ne peut se négocier sur les cadavres de nos compatriotes … Rien ne saurait légitimer une agression contre des populations civiles……efforçons-nous de résister avec toute la force de notre foi sans nous laisser entrainer par un égal esprit de violence et de vengeance…restons chez nous, n’abandonnons pas nos villages et nos maisons, nous n’avons qu’une patrie et elle n’est ni à vendre, ni à saucissonner.» Et le 25 janvier, par la plume de sa chancellerie, il renchérissait : « Nous encourageons les chrétiens et les personnes de bonne volonté à se joindre aux initiatives positives qui promeuvent la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble ….. c’est une démarche des pèlerins d’espérance pour interpeller, encourager et soutenir tous les efforts pour un rétablissement rapide de la paix à l’Est de notre pays. »
Très peu de temps après, lundi 27 janvier 2025, les rues de la ville de Bukavu et de nos villages étaient inondées des foules immenses qui manifestaient leur désaccord pour l’occupation des territoires de l’Est de la RDC, qui dénonçaient la guerre d’agression et toutes les complicités autour. Elles en avaient profité en même temps pour marquer leur solidarité avec nos frères et sœurs du Nord-Kivu et témoigner de leur soutien indéfectible aux vaillants soldats qui jusqu’au sacrifice suprême combattent sur tous les fronts dans des conditions très difficiles.

Il faut féliciter le peuple du Sud-Kivu pour la maturité dont elle a fait montre encore et toujours. Comme la brebis attentive à la voix de son berger, la foule avait intériorisé la voix de son Pasteur qui l’invitait à une action de résistance pacifique : agir « sans céder à la haine ou à la vengeance sous toutes ses formes, sans se livrer à des actes de vandalisme ou de pillage …s’abstenir de raconter de fausses nouvelles qui peuvent semer la confusion et la nervosité ».
Monseigneur François Xavier Maroy à travers la voix de sa Commission Diocésaine Justice et Paix encourage la grandeur de ce peuple de Dieu du Sud-Kivu dont il dit être fier et l’exhorte à demeurer modèle, intelligent, inébranlable. Qu’il résiste toujours aux pièges du manipulateur qui fait de la violence éhontée son moyen de s’exprimer. Chapeau bas aux militaires et aux volontaires résistants Wazalendo, ces grands patriotes qui ne capitulent pas, qui ne fuient pas le champ de bataille, qui malgré l’abandon tiennent le coup jusqu’au sacrifice suprême. Ils méritent la plus grande considération, le respect, le soutien et les applaudissements. C’est pourquoi que chaque homme et femme qui aime cette patrie soit attentif à leur besoin dans ce moment difficile et leur apporte, dans la mesure du possible, l’assistance qu’il leur faut. Même quand le nuage semble s’assombrir, que nous nous rassurions tous ensemble que le beau temps est à nos portes.
Mais le prochain beau temps va nous exiger d’être de plus en plus attentif aux défis à relever et d’agir plus consciencieusement. Dans notre pays comme dans toute l’Afrique, le Pape Jean-Paul II nous rappelait, il y a quelques années, qu’il est une forte « nécessité à appliquer l’Evangile à la vie concrète …… », que nous ne devrions pas chaque fois « manquer de prendre en considération l’histoire chargée des souffrances d’une terre où des nombreuses nations sont encore au prise avec la faim, la guerre, les tensions raciales et la violation des droits de l’homme » ( Jean-Paul II, angelus du 20 mars 1994, numéro 1 in Observatore Romano 21-22 mars 1994, P.5).
Voilà pourquoi notre Archevêque demande « à tous ceux et celles qui ont reçu le mandat de nous protéger, d’exercer réellement leur charge en assumant leur choix politique pour le peuple, pour la patrie, pour la nation entière ». « Que ceux-là qui veulent réellement diriger le démontre avec des actions positive de terrain pour sécuriser les personnes et leurs biens ». Il insiste encore que nous « soyons tous responsables des uns et des autres dans les biens et jamais dans le mal ».
Le vœu le plus ardent de Monseigneur François Xavier Maroy est que « toutes les communautés en conflits dans notre Région des Grands Lacs trouvent un chemin d’entente pour vivre dans la paix sans distinction des tribus, d’ethnies et de races et à respecter le lieu de vie de chacune de nos tribus ».
Que nos frères et sœurs du Nord-Kivu et particulièrement ceux de la ville de Goma très cernée par l’ennemi ne se sentent pas abandonnés, qu’ils gardent leur confiance en Dieu et se mettent autant que possible à l’abri du danger. Que nous prenions tous et chacun les précautions qu’il nous faut en ce moment de dures épreuves et que la grâce et la bénédiction de notre Seigneur Jésus Christ nous soient accordées en abondance !