Enfin, une frontière de paix

A 8 heures du matin de jeudi 18 mai 2016, l’archevêque de Bukavu Mgr François-Xavier Maroy descendait déjà le dernier tronçon de la pente qui amène à l’extrême limite entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, à la frontière appelée « Ruzizi 1 ». Là, le fleuve Ruzizi quitte le lac Kivu et commence sa descente vers la Plaine, en constituant une frontière naturelle entre les deux pays et, dans son dernier tronçon, entre le Burundi et la RD Congo.

Accompagné par ses collaborateurs, en particulier l’abbé Justin Nkunzi directeur de la Commission diocésaine de Justice et Paix, Mgr. Maroy est arrivé juste devant le pont qui sépare les deux pays. « Pour qu’il y ait la paix – murmure-t-il – il faut être chrétien, je ne dis pas baptisés : chrétien ».

Tout au long de la route déjà de nombreux chrétiens, femmes surtout, s’étaient assemblés, Congolais et Rwandais, qui avaient déjà franchi la frontière. Le climat était à la joie et aux salutations, l’habit celui de la fête. Les femmes rwandaises portaient pour la plupart un ruban blanc autour des cheveux, alors que les femmes congolaises portaient leurs foulards multicolores. Des personnes membres des groupes ecclésiaux, endossaient leurs insignes.

Les fonctionnaires de la douane, participant du climat inhabituel, laissaient facilement descendre des gens jusqu’au pont
. De l’autre côté de la frontière, on remarquait un groupe nombreux de personnes devant les bureaux, pour obtenir la permission de traverser.

Mgr. Jean-Damascène Bimenyimana, évêque de Cyangugu, la ville rwandaise frontalière et voisine de celle congolaise de Bukavu, a traversé le pont, habillé, comme l’Archevêque, dans son habit blanc. Quand les deux Evêques se sont embrassés, des applaudissements et des cris de fête ont résonné tout autour. Plus encore que la fête, c’était l’émotion qui dominait.

Il faut avoir vécu ces vingt-ans ici pour avoir une idée du sens de cette rencontre. C’est sur cette route, qui de la frontière entre directement en ville de Bukavu, qu’on marché des armées meurtrières. Avec toute probabilité, aucun des Congolais et Congolaises présents ce matin pour accueillir ces hôtes et voisin, n’a manqué d’un familier, d’un ami perdu pendant les guerres. Le souvenir de la terreur de la guerre est encore frais dans ces personnes qui maintenant s’embrassent, se saluent l’un dans la langue de l’autre.

En outre, si la situation est quelque peu apaisée du ce côté de la frontière, les populations congolaises du Nord-Kivu vivent encore de grandes souffrances, en partie venant de la présence étrangère armée.

Dieu sait ce qui se passe dans les cœurs de ces chrétiens et chrétiennes rwandaises et congolaises qui marchent vers la Cathédrale, en alternant des chants en langue rwandaise à d’autres dans une des langues de la RD Congo. Les plus jeunes dansent pendant tout le chemin.

Une camionnette précède la procession : derrière, la statue de la Vierge Marie de Fatima
. De chants nombreux sont dédiés à Marie. « Chacun a sa mère ; la mienne est Marie », répètent les pèlerins.

Aux fenêtres, aux portes des maisons et des magasins, aux bords de la route, beaucoup de monde interrompt ses activités et observe, parfois chante et danse
. Au premier étage d’une maison en construction, des jeunes maçons dansent
. De certains points de vente se lèvent des chansons religieuses.

Un homme dit : « Je marche surtout pour mes fils, pour un avenir meilleur, dans la paix . Même l’Allémagne et la France, ennemis auparavant, sont devenus amis, nous aussi nous pouvons le devenir». Je lui rapporte ce qui me dit un jour un vieux catéchiste : « C’est celui qui est le plus blessé qui doit faire le premier pas ». Il confirme.

La logue procession traverse la ville, passe à la Place Mgr. Christophe Munzihirwa, où fut assassiné cet Archevêque il y a vingt ans à l’entrée de l’armée d’occupation. De ses portraits, aux deux bouts de la place, « Mzee » (le vieux, le sage) semble sourire, comme à dire qu’il avait donné sa vie pour préparer un jour pareil.

Autour de 11h00, le cortège arrive à la Cathédrale. Les places sont d’abord destinées aux « frères, amis et voisins » rwandais. Les deux Evêques et un grand nombre de prêtres entrent et la Messe commence. A la demande de pardon, l’Archevêque dit : « Nos deux pays, nos deux diocèses, ont entrepris depuis un temps des moments de rencontre, réflexion, travail, et surtout de prière… Nous sommes tous famille des enfants de Dieu. Nous demandons au Seigneur de mettre en nous la paix. Demandons-lui pardon de toute faute commise l’un envers l’autre ».

La collecte demande au Seigneur la justice, qui seule peut garantir une paix durable. La première lecture, tirée du livre d’Isaïe (9,1-6), éveille les souvenir de la guerre pour dire enfin que tout cela prend fin grâce à un Enfant, un Fils qui nous est donné. Le Psaume 49(48) est une invitation à considérer la caducité des richesses de ce monde. Paul, dans sa lettre aux Philippiens (4,6-9), exhorte à mettre en Dieu tous nos soucis, pour connaître sa paix et pour que le Dieu de la paix soit avec nous. Enfin, Jean dans son évangile rapporte la salutation du Ressuscite : « Paix à vous ! » (20,19-23).

Dans son homélie, Mgr. Maroy rappelle le parcours commun de foi entre les deux diocèses. L’Afrique, dit-il, a constamment souffert. Il rappelle qu’en 2000, à Rome, à la veille de sa mort, son prédécesseur Mgr. Emmanuel Kataliko, devant les évêques d’Afrique et de Madagascar, avait dit être autre: “L’Eglise doit intervenir; les évêques ne peuvent pas se taire, ils doivent parler. Le peuple souffre.”

La marche faite a voulu être une prière adressée à Dieu pour la paix.  « Nous voulons la paix, tunataka amani, turashaka amahoro… », répète l’Archevêque en plusieurs langues. Dieu seul peut nous la donner. Prions pour notre pays. Chacun de nous peut être un obstacle pour la paix de l’autre. La paix que Jésus nous donne n’est pas comme celle des autres. Qu’elle nous habite et habite aussi nos dirigeants

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. N’indexons pas les autres, mais considérons nous-mêmes. L’eau de la Ruzizi est eau bénie, elle n’est pas le Diable qui nous sépare. Et que cette Eucharistie soit signe d’une réelle fraternité. Que quand nous nous rencontrerons demain en route nous portions la joie et la fraternité d’aujourd’hui

La prière des fidèles présente au Seigneur, en plusieurs langues, joie et supplication. L’Eucharistie partagée est le sacrement de l’unité. Un match entre prêtres de Cyangugu et de Bukavu conclura cette journée mémorable.

Abbé Justin NKUNZI

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