Chaque le 21 septembre le monde célèbre une journée de la Paix ! La Paix, ce rêve congolais dont la réalisation est demeurée elle-même un rêve ! Les hommes et les femmes du Congo, confrontés à l’insécurité, à l’instabilité, aux injustices de toutes sortes et à l’irresponsabilité criante de leurs dirigeants, ont perdu tout espoir et ne trouvent plus des raisons de croire à la Paix. Ils sont tout de même, comme tous les peuples du monde, appelés à célébrer une journée à laquelle ils ne croient plus depuis belle lurette. On dirait que nous sommes vendus par nos propres frères comme Joseph ou tout simplement livrés par complicité à des firmes nationales et internationales qui pillent cette patrie sans pitié. Une armée au front et qui a complètement perdu l’espoir de remporter la victoire ne peut qu’être vaincue.
Les responsabilités sont partagées entre ceux qui peuvent et doivent mais ne font rien et les attentistes qui rêvent un futur meilleur sans aucun engagement pour que les choses changent.
C’est pourquoi, nous ne pouvons pas célébrer la Paix au 21 septembre sans une liaison avec les évènements du mois d’octobre, un mois de souvenir, un mois des martyrs de la Paix en RDC, un mois de tous les hommes et les femmes engagés à forger, par l’action et le sacrifice, une véritable République Démocratique du Congo riche, paisible et prospère.
Un soir d’un certain 29 octobre, le sang de Munzihirwa arrosait le sol de Bukavu et le cœur d’un peuple assoiffé de Paix et de Justice. Il n’avait pas tardé à faire germer le bourgeon d’un successeur, ce Pasteur de Dieu Emmanuel Kataliko, qui lui-même est décédé un 4 octobre, quasiment dans les mêmes conditions, au front en quête de Paix et de Justice pour le Peuple de Dieu au Congo. La nomination de Monseigneur Charles Mbogha Kambale par le Saint Siège tombait comme un signe de consolation d’un peuple très endeuillé. Hélas, lui-même s’était pressé à rejoindre le mois de Martyrs et un 9 octobre l’annonce de son décès avait fait frémir tous les cœurs.
Ce mois mystérieux, non seulement il ravive le souvenir de ces combattants Pasteurs mais aussi il marque le début des graves violations des droits humains en RDC et d’une forte résistance engagée par le dynamisme d’une société civile consciente sous le ferment de leur sang et des enseignements de libération qui étaient au cœur de leur combat. Le rapport Mapping et la lutte pour la Justice en RDC sont un fruit de cette résistance et il importe qu’on s’en souvienne à cette occasion.
Ainsi, en mémoire de tous ces évènements, la CDJP se propose d’offrir à notre peuple une réflexion qui part des enseignements de la vie d’un homme qui suscite beaucoup d’admiration et qui est en mesure de raviver la flamme de l’Espérance. Si le monde tel que nous le voyons est tellement loin de la justice, de la paix, de la solidarité et de la compassion – pour des prophètes comme MUNZIHIRWA ce n’est pas une situation définitive. HESED et EMET sont deux mots hébreux traduits par « AMOUR » et « FIDELITE ». D’un côté ils font allusion à la bonté et à la bienveillance débordantes de Dieu qui prend soins des siens et de l’autre au fait qu’il n’abandonne jamais ses enfants (Exode 34,6 ; Psaume 25,10 ; 40,11-12 ; 85,11)[1]. Amour et Fidélité vis-à-vis de notre Patrie constituent alors un ensemble des valeurs, des caractéristiques profondes en mesure de renaître le rêve réalisable de la Paix en RDC et dans la Région de Grands Lacs. Cela, nous l’avons appris de MUNZIHIRWA et c’est le plat de la Paix que nous offrons en consommation aux hommes et aux femmes de la RDC et de notre région à l’occasion de la journée internationale de la Paix célébrée chaque le 21 septembre et de l’ouverture de ce mois très précieux, le mois d’Octobre !
C’est en même temps l’occasion pour un retour sur un passé d’une société civile dont l’engagement avait fait bouger les lignes et qui avait offert beaucoup d’espoir pour l’avènement d’un Etat de droit en RDC. Notre prière est que les martyrs de la Paix dans notre Pays infusent aux acteurs de cette société civile, aux congolais et aux congolaises de partout un esprit nouveau ; un esprit d’hommes et des femmes qui ne s’agenouillent pas en baissant les bras, qui ne restent pas à se plaindre pendant que d’autres décident de ce qu’ils font d’eux et de leur Patrie !
Que vivent les Pasteurs qui travaillent réellement pour la Paix et la Justice dans le monde.
Que vibrent en nos cœurs et nous fassent agir pour la Paix et la Justice le courage et la force du Serviteur de Dieu Monseigneur Christophe MUNZIHIRWA,
Que du Haut du ciel lui et ses successeurs fidèles, Messeigneurs Emmanuel Kataliko et Charles Mbogha, intercèdent pour la Paix et l’Unité dans notre Pays, la République Démocratique du Congo, dans la Région de grands lacs et dans le monde.
[1] L’Espérance (lettre de Taizé publiée le 27 avril 2003 sur https://www.taize.fr/fr_article1080.html et consultée le 14 septembre 2021 à 09 :51