Devant la dégradation de notre écosystème de manière très inquiétante, l’homme préoccupé par le gain, semble être l’élément destructeur de sa propre maison « la terre ». Le réchauffement climatique inquiète sérieusement les générations présentes et futures.
Ici chez nous avons le Parc National de Kahuzi Biega qu’il faut à tout prix protéger et l’épargner de la boulimie de ceux ou celles qui veulent le détruire et s’en emparer. Mais en même temps, nous avons tous l’obligation absolue de protéger les peuples autochtones qui l’habitaient en leur garantissant leurs droits. Chacun a droit au chapitre et peut apporter sa contribution au débat. Le respect de la dignité humaine est non négociable et un homme qui crie n’est pas un ours qui dance. De qui s’agit-il ?
Depuis 1970, un décret portant création et élargissement du Parc National de Kahuzi-Biega et interdisant toute activité humaine dans l’espace réservé avait été signé par l’Etat congolais. Les premières victimes de cette décision sont les pygmées qui s’étaient vus inhumainement chassés par l’Etat de cette aire géographique qui, pourtant constituait leur milieu de vie, la terre de leurs ancêtres où ils vivaient paisiblement. Depuis ce temps-là, les pygmées dessouchés de leur milieu naturel, forcés de quitter le parc, s’étaient déversés dans différents Groupements voisins du Parc comme Bunyakiri, Kalonge, Mbinga Nord et Sud (Territoire de Kalehe), Miti, Bugorhe, Mudaka et Irhambi Katana (Territoire de Kabare) où ils vivent misérablement, dépourvus de tout jusqu’aujourd’hui. Injectés dans la communauté de Bantous, confrontés à des cultures différentes de leurs, les PA se sont vus obligés de vivre comme les riverains, différemment de leur mode de vie basé essentiellement sur la chasse et la cueillette. Sans champs ni revenus pour survivre, ils se sont adonnés à la pratique de vol dans les champs de la communauté d’accueil. Cette pratique les a opposés et continue à les exposer aux Bantous qui voient depuis de longues années leurs champs ravagés.
Depuis plus de 45 ans, les pygmées vivent cette situation et les demandes de l’amélioration de leur quotidien restent sans réponse sur tous les plans. Des pourparlers ont été initiés par les pygmées avec l’appui des Organisations non gouvernementales des Droits Humains pour amener l’Etat congolais à indemniser ces derniers mais l’approche n’a pas abouti à une solution satisfaisante. En collaboration avec les ONG des Droits Humains, les PA ont initié des actions en justice à tous les niveaux et dont les conclusions sont toujours attendues. N’ayant plus d’espoir d’une reconnaissance nationale et internationale, certains ont pris la résolution de revenir dans le Parc, considéré comme leur habitat naturel pour continuer de vivre de la chasse et de la cueillette. Cette occupation du Parc va avec une forte progression de l’exploitation des espèces de la faune et de la flore par les commerçants et hommes d’affaires bantous sous la couverture des Pygmées pris comme des boucliers humains. A ce jour, le conflit entre les Pygmées et le PNKB a fait des victimes dans les deux camps et des informations confirmées font état de la présence des milices, les unes agissant abusivement aux noms des pygmées et d’autres les soutenant réellement. Une situation qui exacerbe et complique davantage ce conflit.
Au-delà de ce qui précède, il sied de préciser qu’autant certains PA ne sont pas en bon terme avec le PNKB, autant ils ne les sont pas avec le peuple Bantous. Des actions de renforcement de la cohésion sociale entre ces différentes parties devraient précéder toute action visant améliorer les conditions de vie des pygmées.
Il faut avant tout éviter les frustrations des pygmées qui croient qu’on accorde plus d’attention à la protection des animaux , de la faune, de la flore qu’à eux. Comment imaginer selon certains qu’on condamne tout un peuple avec sa culture et ses droits à aérer sans toit pour la simple raison qu’ils doivent déguerpir de leur soit disant milieu naturel ?
Ne sachant pas à qui s’adresser parfois on observe des comportements d’agressivité et d’intolérance dictés par la précarité de leur vie vouée à la mendicité et exposée à toutes les formes de la criminalité.
Il y a des organisations qui s’agitent autour de cette thématique mais il faut éviter les manipulations et la vente des solutions simplicités et non négociées. On ne peut pas tolérer la destruction de l’écosystème et de l’environnement par ceux-là qui coupent de façon sauvage les arbres et tuent les animaux sous prétexte que c’est de leur droit.
Il faudrait que les pygmées comprennent la nécessité de protéger l’environnement en les y associant mais surtout les aider à sauvegarder leurs idiomes traditionnels en leur offrant des espaces adéquats pour leur plein épanouissement. Ils ont droit à la scolarité, aux soins de santé, à s’épanouir comme tous les autres citoyens en accédant aux mêmes chances pour entasser toutes les carrières politiques, administratives. Leurs frères bantous doivent comprendre que l’exclusion ne paye pas et personne ne peut remplacer l’ETAT dans ses prérogatives régaliennes pour protéger les intérêts des uns et des autres .
Il faut donc un plaidoyer qui implique les pygmées, tous les partenaires autour du PNBK, les élus locaux dans la recherche de la solution sans se substituer à eux mais de façon inclusive, participative et surtout légale. Cela exige un savoir-faire, une expérience de terrain, une méthodologie, un certain professionnalisme, pour éviter de prétendre régler un problème en créant d’autres ou en rallumant des feux déjà presque éteints. Voilà un souci qui est au cœur de l’action justice et paix.